Juin 2021

Le #NewDeal vu par Isabelle Grosmaitre – CEO Goodness&co

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« Il existe un chemin pour concilier business et durabilité »
 
1 / Que retiens-tu de cette année un peu folle ?
Cette année a été, à mon avis, un point de bascule pour nous tous, en particulier pour les entreprises.
J’ai toujours voulu contribuer à un monde meilleur, et ce à travers le levier de l’entreprise. Tous les acteurs ont un rôle à jouer : les politiques, les ONGs, les investisseurs, … Mais aujourd’hui, encore plus qu’hier, je crois que l’entreprise est la voie de la transformation, qu’elle est le véritable levier du progrès dans notre société. Ma conviction n’est pas une utopie, elle est avant tout d’ordre économique, managérial et sociétal. Il est temps d’agir, et je crois fondamentalement dans la capacité des entreprises à agir.
 
2 / Sur quoi se fonde cette conviction ?
Nous sommes à un point où les entreprises doivent réinventer leur modèle, créer du sens et démontrer ainsi leur contribution à la société – on l’a vu dans la façon dont elles joué un rôle aux côtés de l’Etat dans la prise en charge de l’intérêt général. Or, seules les organisations ayant un impact positif prospèreront, car elles seront choisies par les salariés, les consommateurs, les investisseurs et les partenaires.
Les faits sont là ! La nouvelle génération se mobilise. Les consommateurs recherchent des marques militantes. Les salariés se soucient du comportement de leur entreprise et de son impact sur la société. De ce point de vue, clairement, la pandémie est un avertissement pour tous.
Bien sûr, toutes les entreprises n’ont pas vocation à devenir B Corp ou Entreprise à Mission, toutes ne sont pas aussi avancées, ne l’ont pas inscrit dans leur ADN… Mais toutes, qu’elles soient grandes ou petites, avancent sur ce chemin. Elles n’ont plus le choix.
 
3 / Ce n’était pas le cas avant ?  Qu’est-ce que cette année de pandémie va changer ?

Cela se fait par étape. Il y a quelques années, lorsque l’on évoquait le rôle des entreprises dans la société, au-delà de celles dont c’était le métier - comme dans le secteur de la santé-, on avait à cœur d’agir pour aider notre écosystème. Souvent, les fondations d’entreprises ou les engagements avec les ONGs étaient les fers de lance de ces actions, à côté du business.
Puis nous avons tous pris conscience des enjeux de notre société : des millions de tonnes de plastique dans les océans, de la nécessité de construire une économie plus inclusive, des enjeux du climat. Notre planète était en train de brûler, il n’y avait pas de plan B. Aucune transformation ne pouvait se faire sans le monde économique. C’est l’étape de déploiement des politiques RSE, véritable accélérateur de progrès, pour aider les entreprises à limiter leurs externalités négatives, pour protéger notre planète et prendre soin des gens dans leurs pratiques quotidiennes.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’aller plus loin, d’embrasser cette révolution des pratiques de consommation et de modèle économique : c’est l’enjeu du Business à Impact Positif. Comment retrouver le sens, l’utilité de son activité ? Comment créer un modèle vertueux qui allie performance économique et impact sociétal ? Comment faire de la raison d’être un avantage concurrentiel ? Comment cultiver la synergie entre performance économique et impact positif ? Comment opérationnaliser cette vision ?
Le temps est venu pour les entreprises de créer du sens, le temps est à l’action : mettre la raison d’être au cœur du business.
 
4 / La loi Pacte a été votée en 2019, et déjà près de 166 entreprises françaises ont décidé de devenir « entreprises à mission ». Quels conseils donnerais-tu à un dirigeant qui souhaiterait franchir le pas ?
 
La loi Pacte incite les entreprises à aller plus loin sur ce chemin. Mon premier conseil est de ne pas brûler les étapes, de bien savoir dans quoi on s’engage. Car toutes les entreprises n’ont pas le même niveau de maturité. Précisez l’utilité de votre entreprise dans la société, ses engagements pour créer un impact positif au regard de vos activités et de votre business model. Dessinez ce chemin en écoutant les gens qui vous entourent, vos collaborateurs et parties prenantes. Votre raison d’être peut devenir un avantage concurrentiel. Le fait d’embrasser une cause qui dépasse les capacités actuelles encourage les équipes à voir grand, à repousser les limites et à s’engager pleinement dans le voyage. Je crois que tout commence par cette vision, comme une boussole stratégique pour tous, avec des engagements sociaux et environnementaux pour créer l’impact.
 
Sur ce chemin, il apparaît essentiel de passer du discours à l’action. L’opérationnalisation réussie repose sur 3 leviers.
Le premier : la plupart du temps, on ne part pas de zéro. Il s’agit de partir des actifs, des initiatives réussies, que l’on a besoin de faire grandir, d’emmener plus loin.
Le deuxième : cette transformation positive concerne tous les métiers et fonctions de l’entreprise. Pour créer de la valeur, les offres et les marques jouent un rôle déterminant pour gagner la préférence des distributeurs et le cœur des consommateurs.
Le troisième : la nécessité d’engager vos collaborateurs, clients et parties prenantes. Le collectif fera la différence.
 
La communication est un levier indispensable dans la transformation. Cependant la raison d’être ne se limite pas à une opération de communication ! Toutes les études le montrent : si la majorité des salariés préfèrent travailler dans une entreprise à impact, ils rejettent massivement les faux discours, les inconsistances entre la parole et les actes. Il faut donc voir la communication comme un levier de transformation, non comme du « purpose washing ».
 
5 / C’est aussi une question de leadership ?

C’est avant tout une question de leadership. Mettre en place de nouveaux modèles de gouvernance, c’est l’œuvre de leaders courageux, qui osent réinventer leur modèle, remettre en question les activités et pratiques de l’entreprise. Ces leaders courageux optent pour une gouvernance plus collaborative et plus inclusive. Ces dirigeants éclairés cherchent à transformer leur entreprise. Mais ils ont besoin de l’énergie de ces « dreamers who do », de ces « early makers », de ces individus généreux au service de la transformation, de ces activistes qui inventent les modèles de demain. Je suis convaincue que les entreprises qui réussiront cette transformation seront celles qui auront accompagné, encouragé, mobilisé cette génération d’ « activists in business ». Le nouvel ordre économique en dépend. C’est aussi un véritable enjeu de marque employeur, pour recruter et fidéliser les meilleurs talents.
Ces entreprises amorcent une transformation fondamentale, se réinventent avec beaucoup de courage et de leadership. Mais elles agissent encore trop souvent de manière isolée. Ce n’est pas suffisant. Aucune entreprise ne peut y arriver seule. Les entreprises commencent à fédérer, à mettre en place de nouvelles pratiques business. Faire émerger des partenariats et coalitions d’action, c’est donner vie à de nouveaux paradigmes pour démultiplier l’impact des entreprises.
 
6 / Quelle est l’actu qui te concerne et ce qui te donne foi en l’avenir ?
 
J’ai pris conscience que les « leaders éclairés » devenaient un mouvement majeur. Après plus de 20 ans à mener ces transformations de l’intérieur au sein d’entreprises engagées, comme ces dernières années en tant que Catalyst de Danone ou de Co-présidente de CHL au Consumer Goods Forum, j’ai créé Goodness&Co pour aider ces leaders courageux dans leurs choix stratégiques et dans l’opérationnalisation de leur démarche.
La question n’est plus « pourquoi ». La question est devenue « comment ». Il existe un chemin pour concilier business et durabilité. Cela ne se fera pas par hasard.
C’est sur cette conviction que j’ai créé Goodness&Co, pour accompagner les dirigeants dans leur transformation positive, faire de la raison d’être une création de valeur. Il n’y a rien de pire que des bonnes idées qui ne se réalisent pas.

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