Quelle démarche a motivé la création de Fun(d)rising ?
En 2019, nous imaginons The Hope Gallery, une plateforme un peu magique qui vise à dépoussiérer la collecte de dons. L'idée est de permettre à des artistes engagés de fédérer leurs audiences autour de causes qui les animent grâce à leur art : en dévoilant une œuvre inédite, photographiée puis cachée sur notre plateforme. Chaque euro donné permet d'en révéler un fragment (un pixel) et donc de mesurer visuellement l'objectif se réaliser : la première fois dans une œuvre, la seconde dans la vraie vie. Cette animation devient rapidement une mécanique à succès utilisée pour augmenter l'engagement des participants des galas de charité … et l'idée nous vient de lancer de nouvelles expériences innovantes et gamifiées, au-delà de l'art et du don, pour créer du lien, fédérer et réhumaniser le collectif, partout et pour tous. Fun(d)rising était né : la première plateforme qui inspire l’envie d’être et de faire ensemble par un panel d'expériences créatives et ludiques.
Comment réinventez-vous l’expérience on et offline pour générer de l’impact positif ?
Comme pour nos expériences artistiques, nous réenchantons l'engagement en changeant les narratifs : pas de culpabilisation ou de moralisation, mais au contraire, de l'étonnement, de l'excitation, du ludique, du beau, de l'innovation … On remet l'humain et le participant au centre.
Dans la pratique, notre mécanique consiste à capter une action individuelle (donner son email, faire un don, atteindre un objectif) qui déclenche une animation personnalisée, une gratification immédiate.
Pour y parvenir, chaque expérience est un mini-site déployé en ligne et donc accessible à tout moment (via mobile, ordinateur, …), sans téléchargement d'application. Et l'animation est de son côté isolable, si l'on souhaite ajouter une dimension "présentielle" et afficher le cumul des participations en temps réel, sur un écran visible de tous (comme pendant nos événements : sur TV, écran géant ou parfois à même un mur, via vidéo-projecteur).
Pourquoi les marques doivent-elles inclure les consommateurs en tant qu’acteurs de leurs produits ou services ?
Parce que les consommateurs n'achètent plus seulement un produit ou un service parce qu'on leur en parle, ils achètent une réponse à un besoin, une reconnaissance de leurs valeurs individuelles, une adéquation de vision (le fameux "why") … et une tribu qui va avec.
C'est une subtilité du monde hyper digitalisé et bruyant dans lequel on évolue, mais le besoin d'être et de faire ensemble est en croissance, parce que cela résonne avec notre humanité et qu'on se sent plus fort, c'est rassurant.
Est-ce que ce produit ou ce service correspond à qui je suis ? Au monde que j'ai envie de voir demain ? Et est-ce je me reconnais dans les gens qui consomment ou produisent X ?
D'ailleurs, d'un point de vue neurologique, nos cerveaux créent nos souvenirs lorsqu'ils ressentent des émotions fortes. On a donc le choix : soit on crée un trauma, on choque ; soit on inspire quelque chose de positif, on valorise. Être inclusif et créer de l'engagement collectif permet ainsi de solutionner la fameuse "perte de sens" : on crée un momentum, un souvenir joyeux, avec un consommateur passif en l'invitant à participer à une histoire commune, à laquelle il contribue. On dépasse les simples mots posés dans un manifeste, on montre à chaque consommateur qu'il ou elle compte, que l'on respecte son soutien, son temps, son implication, son achat.
Quel est le projet dont vous êtes la plus fière ?
De manière unanime, avec Ambroise (mon associé), nous pensons à l'action que nous avons réalisé en pleine pandémie dans le métro. Tous nos évènements venaient d'être annulés et, dans l'urgence, avec la peur de fermer notre jeune entreprise, on s'est demandé comment notre techno pourrait être utile.
Cinq jours après était lancée l'opération "les confinés reconnaissants", qui a duré 5 semaines : tous les lyonnais étaient invités par nos artistes partenaires à faire un don sur notre plateforme, pour financer des repas au personnel hospitalier privé de cantines. On récupérait leurs prénoms pour générer des messages de soutien, affichés sur leurs trajets quotidiens via les 18 écrans Clear Channel du métro lyonnais … Pour les donateurs, il y avait même une contrepartie inspirante, offerte par nos artistes : chaque euro donné permettait de recevoir par email une œuvre noir et blanc, à imprimer et colorier.
On a reçu beaucoup de messages nous remerciant de mettre de l'art et du positif dans le métro pendant cette période, c'était du local coup de poing lancé en catastrophe, et pourtant autant, ça a vraiment plu.