Juin 2022

Le #NewDeal vu par Eric Rampelberg, VP & General Manager (Southern Europe, India & South East Asia) d’Interface.

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Pouvez-vous nous dire quelques mots sur Interface et sa démarche environnementale ?

Interface est engagé depuis 27 ans pour l’élimination de ses impacts sur l’environnement. En 1994, à la suite de questionnement de plusieurs clients, nous avons décidé de totalement repenser notre modèle économique. C’est ce que nous avons appelé Mission Zéro® dont l’objectif était de ne plus avoir d’impact négatif sur l’environnement d’ici 2020 - objectifs à zéro en termes d’émissions, de consommation d’eau, d’utilisation d’énergie, de matières premières d’origine fossile et de déchets.

Cependant, atteindre le zéro impact absolu restait un défi, particulièrement pour le cycle de vos de nos produits textiles. Nous avons dons décidé de continuer de réduire l’empreinte carbone de ces derniers (déjà réduite à 76%) et de compenser automatiquement toutes les émissions que nous ne pouvons éviter à ce jour (logistique, usage, maintenance etc.), à travers l’achat de crédits carbone vérifiés certifiés par un tiers (Apex) sur l’ensemble de notre offre produits et sur l’ensemble de leur cycle de vie (de l’extraction de matière 1ère à la fin de vie), dans le but de contribuer à la neutralité carbone collective.

En 2020, nous avons aussi décidé de réduire drastiquement notre dépendance au matières fossiles grâce au lancement de CQuestBio. Il s’agit de notre nouvelle sous-couche pour dalles de moquette, fabriquée à partir de matériaux recyclés et biosourcés à bilan carbone net négatif. Elle est le résultat de longues années de recherche & développement afin de nous affranchir de tout produit parapétrolier dans nos produits, tout en réduisant d’un tiers l’impact carbone de ces derniers tout en proposant un produit 100% recyclable.

En 2021, cette sous-couche est devenue le standard pour toutes nos dalles de moquette. Cet élargissement à l’ensemble de notre gamme nous permet d’utiliser 88% de matériaux recyclés et biosourcés en moyenne pour l’ensemble de nos collections moquette.
La même année, nous avons aussi lancé nos 4 premiers produits à impact carbone net négatif (cradle-to-gate) avec une empreinte carbone moyenne de -0,3 kg CO2/m2. Une première pour notre marché. Ce résultat est obtenu grâce à la combinaison d’un fort concentré de carbone séquestré dans la sous-couche, à une fibre plus légère (brevetée) et à de nouveaux procédés de tuftage qui nous permettent d’utiliser moins de matières premières.

Depuis plusieurs années, nous avons commencé la mise en place de partenariats pour notre programme « ReEntry® », afin de gérer nos produits en fin de vie et leur donner une seconde vie (Réemploi), ou s’ils sont trop usés, les recycler pour fabriquer de nouveaux produits.

En quelques chiffres et actions, qu’est-ce que la Mission Zero® ?

Fin 2020, nous avons fait le bilan pour nos 6 usines de dalles de moquette dans le monde et les résultats parlent d’eux-mêmes : Réduction des gaz à effet de serre de 96%, réduction de notre consommation d’eau de 88%, réduction de nos déchets mis en décharge de 86%, réduction de l’empreinte carbone de nos produits de 76% (cradle-to-gate), utilisation de 90% d’énergies renouvelables et de 62% de matières premières d’origine recyclées et biosourcées. À noter que nos 2 usines européennes fonctionnent avec 100% d’énergies renouvelables.

Nous continuons donc de travailler pour avoir nos indicateurs à 100% et pour couper ainsi notre dépendance aux énergies fossiles en collaborant avec nos fournisseurs, nos clients afin de créer un véritable « effet d’ondes » pour atteindre ces objectifs ambitieux.

Mission Zéro continue aussi avec notre nouvelle mission environnementale, Climate Take Back. L’objectif principal vise à inverser la courbe du réchauffement climatique, Interface poursuit ainsi la réduction de l'empreinte carbone de ses produits et vise à devenir une « entreprise régénératrice » avec un bilan carbone négatif d’ici 2040. Portée par plus de 25 ans d'innovations, Interface a récemment signé une 1ère mondiale avec la création de sa collection de dalles de moquette à bilan carbone négatif.

Interface vient aussi de valider des objectifs de décarbonation pour 2030 basés scientifiquement avec un organisme indépendant, The Science Based Target initiative (SBTi). SBTi a validé la conformité de nos objectifs de réduction avec un niveau de décarbonation aligné avec une trajectoire visant à limiter la hausse de la température de la planète à 1,5°C par rapport à l'ère préindustrielle. Nous nous sommes engagés à réduire nos émissions de Scope 1 et 2 de 50 %, et à diminuer de 50% les émissions du Scope 3 liées à l’achat de biens et services et réduire de 30 % les émissions liées aux voyages d'affaires/trajets domicile-travail sur une base absolue d'ici 2030 par rapport à l'année de référence 2019.

Vous parlez d’un « effet d’ondes » de la Mission Zero®, qu’est-ce que cela signifie ?

Le meilleur exemple est celui de la fibre pour dalles de moquette. En 1994, la fibre en nylon était très polluante, le contenu recyclé était quasi-inexistant et très couteux. Nous avons donc mis au défi nos fournisseurs de fibre partout dans le monde pour créer une fibre en nylon 100% recyclé. Le défi a été relevé notamment par Aquafil, un petit fournisseur à l’époque, basé en Italie. En 1998, Aquafil nous a permis de lancer la première fibre avec du contenu recyclé et quelques années plus tard, en 2010, la première fibre en nylon 100% recyclé. Aquafil est devenu depuis l’un de nos fournisseurs privilégiés et l’entreprise a connu une croissance fulgurante depuis la création de fibre recyclée, avec une demande en forte croissance étant donné les préoccupations environnementales croissantes dans le secteur de la construction.

Aquafil est aussi notre partenaire dans le programme Net-Works™, que nous avons lancé en 2012. Nous recherchions de nouvelles sources de nylon pour notre fibre recyclé et en s’associant à la Zoological Society of London, ONG spécialisée dans la protection de la faune et de la flore, nous avons développé un partenariat unique.

Interface apporte la stratégie commerciale, le capital de départ et un réseau mondial. ZSL fournit le savoir-faire en matière de préservation, d’organisation avec les populations et gère les partenariats locaux en identifiant les lieux où agir. Aquafil offre un processus novateur de régénération permettant à recycler les filets. Le noyau dur de cette équipe s’engage à respecter un accord à long terme : créer ensemble un modèle novateur et inclusif capable de se développer et d’évoluer.

Net-Works agit notamment aux Philippines. Les populations locales récupèrent les filets jetés à la mer qui ravagent l’écosystème marin pour les revendre dans le cadre d’une chaîne d’approvisionnement mondiale. Ces filets déchirés et destructeurs connaîtront une seconde vie sous forme de dalles de moquette à la fois belles et durables. Enfin, les pêcheurs reçoivent un revenu complémentaire et des banques communautaires ont été créées pour soutenir la scolarité et la vie des populations locales.

Ce programme unique a eu son propre effet d’ondes. Cet approvisionnement est en open-source, de ce fait, nos concurrents peuvent aussi profiter de la fibre d’Aquafil et produire des dalles de moquette avec une fibre éco-responsable. Le programme a aussi inspiré d’autres entreprises et notamment Nextwave Plastics, formé d’entreprises comme DELL, HP, Human Scale, IKEA et Interface. Ce consortium de technologies multinationales et de marques grand public réunies dans un esprit de collaboration et de transparence pour réduire rapidement le volume de déchets plastiques entrant dans l'océan en développant le premier réseau mondial de chaînes d'approvisionnement en plastique liées à l'océan.

Les entreprises membres se sont engagées à éviter qu'un minimum de 25 000 tonnes de plastique, soit l'équivalent de 1,2 milliard de bouteilles d'eau en plastique à usage unique, ne finissent dans l'océan d'ici la fin de 2025.

En 2021, nous avons empêché 959 tonnes de gagner l'océan et leur avons donné une nouvelle vie à travers plus de 337 produits (ordinateurs, mobilier, dalles de moquette, cartes de crédit, etc.).

Vous avez lancé le projet Climate Take Back™, avec pour objectif d’être une « entreprise régénératrice ». C’est-à-dire ?

Climate Take Back est une invitation au changement. Mission Zéro avait une deadline fixée à 2020 et nous avons appris beaucoup pendant ces années. À mesure que nous arrivions à cette date, nous savions que notre mission devrait évoluer pour soutenir le plus grand défi auquel l’humanité fait face, le réchauffement climatique. Climate Take Back est notre réponse, notre participation à ce défi inédit.

Nous croyons qu'il est possible d'inverser la courbe du réchauffement de la planète et en tant qu’entreprise nous avons notre rôle à jouer. Des études scientifiques ont déjà montré comment parvenir plus rapidement à réduire les effets négatifs sur le climat. Cela passe par un effort radical de décarbonation. Nous devons éliminer le carbone de notre atmosphère et protéger, ainsi que développer les puits de carbone naturels. Chacun de notre côté, nous ne pourrons pas atteindre ces objectifs, Climate Take Back encourage également à créer des partenariats, à tisser des liens inter-entreprises et pousse chacun à agir.

C'est sur cette réflexion que s'appuient les quatre piliers de notre stratégie Climate Take Back :

  • Vivre le zéro impact — exercer une activité en s'efforçant de redonner à la planète tout ce qui lui a été retiré, c’est la continuité de Mission Zero ;
  • Aimer le carbone — cesser de considérer le carbone comme un ennemi et commencer au contraire à l'utiliser comme une ressource dans la fabrication de produits. Un bel exemple est le lancement de nos premiers produits à bilan carbone négatif ;
  • Laisser la nature se réguler — soutenir la capacité de notre biosphère à réguler le climat en protégeant et en développant les puits de carbone naturels ;
  • Mener une nouvelle révolution industrielle — transformer l'industrie en une force favorable à l'amélioration du climat en créant des partenariats avec d’autres entreprises comme avec le consortium Nextwave Plastics.


Ce sont les fondements de notre mission. Ils constituent notre business plan, grâce auquel la vision de Climate Take Back va devenir réalité d’ici 2040. Pour y arriver, nous réinventons notre modèle économique en nous inspirant de la nature. Interface pilote aux Etats-Unis le projet « Factory as a Forest » (ou « Usine-Forêt » en français). En principe, cette usine vertueuse fournirait gratuitement à son environnement de nombreux « services écosystémiques positifs », tels que de l’air et de l’énergie propres, de l’eau potable, une captation du carbone, le cycle des nutriments – que l’écosystème local qu’elle remplace aurait fournis. S’appuyant sur les leçons tirées de ce projet pilote, Interface s’est associée au cabinet de conseil en bio-inspiration Biomimicry 3.8 pour revoir la conception de son usine américaine, située près d’Atlanta, afin qu’elle fonctionne davantage comme un écosystème naturel, à la fois performant et altruiste.

En développant des usines et des produits écologiquement vertueux, nous comptons devenir une entreprise régénératrice avec un bilan carbone négatif d’ici à 2040. Et, au-delà, nous voulons inciter toute notre secteur à nous suivre.

Pensez-vous que toutes les entreprises peuvent être Net Positive (ou entreprise régénérative) ?

Avant tout, il faut se poser les bonnes questions et se former à comprendre les problèmes systémiques. Ceci en étant entourés de bons conseils, de consultants ou de chercheurs qui vous bousculeront, partageront les vrais enjeux afin de permettre à toute votre organisation de savoir de quoi on parle et donc comment agir. Chacun doit entrer « dans le sujet » sous un angle qui lui est propre ou qui est propre à chaque organisation : empreinte carbone, mobilité, alimentation… peu importe, seul compte l’acquisition de connaissance via la compréhension de la science et des faits.
L’outil de la « Fresque du Climat » est un bon outil de sensibilisation, des entreprises de consulting comme « Circul’R » sensibilise les équipes des grands groupes à l’économie circulaire et à la recherche de solutions pratiques et impactantes pour agir positivement. Le « biomimétisme » fera entrer la nature dans la recherche de solutions innovations en R&D, enrichira les réflexions et impliquera d’avantage les équipes sur les impacts de votre activité industrielle sur l’environnement. Enfin de façon plus académique, l’ACV (l’Analyse de Cycle de Vie) est un outil incontournable pour tout industriel engagé dans une transformation durable de son entreprise afin de se fixer comme objectif de réduire vos propres émissions, réduire les émissions de toute votre chaîne logistique, intégrer le climat dans votre stratégie et participer aux actions du lutte contre le réchauffement climatique au-delà de votre secteur d’activité.   

L’expérience d’Interface depuis 1994 tient en deux mots : « c’est possible ».
C’est possible mais pas seul, une transformation durable doit s’inscrire et embarquer tout son écosystème. Ceci dans une approche transparente, positive et engagée grâce à une bonne gouvernance à partir d’une stratégie inscrite dans le temps long, tout en étant conscient des enjeux et de l’urgence. La base de tout développement produit et donc de tout processus de fabrication doit être l’éco-conception intégrant tout le cycle de vie du produit (conception, utilisation, fin de vie). Avoir le courage de reconnaître que vous pouvez être une partie du problème et partager votre volonté de faire partie de la solution



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